Italie : au moins soixante-deux migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation près des côtes

Le bateau, sur lequel se trouvaient entre 120 et 200 personnes, se serait brisé en heurtant des rochers, selon les gardes-côtes italiens. La cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, a fait part de sa « profonde douleur », tandis que les ONG fustigent la nouvelle loi restreignant le sauvetage en mer.

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Des sauveteurs sortent un corps de l’eau, près de la plage de Cutro (dans le sud de l’Italie), à la suite du naufrage d’une embarcation qui transportait plus d’une centaine de migrants, le 26 février 2023.
Des sauveteurs sortent un corps de l’eau, près de la plage de Cutro (dans le sud de l’Italie), à la suite du naufrage d’une embarcation qui transportait plus d’une centaine de migrants, le 26 février 2023. GIUSEPPE PIPITA / AP

Trois nouveaux corps ont été retrouvés lundi matin 27 février lors des recherches des personnes disparues dans le naufrage, survenu la veille, du bateau de migrants à Steccato di Cutro, une station balnéaire de la province de Crotone, en Calabre (Sud), ont rapporté les médias italiens. Le bilan provisoire du naufrage s’élève à soixante-deux morts. Un précédent bilan avait fait état de cinquante-neuf morts.

Le corps d’un homme a été retrouvé sur la plage à quelques centaines de mètres du lieu de la catastrophe. Un autre corps a été récupéré en mer, à environ 400 mètres du rivage, par un patrouilleur des garde-côtes, et le troisième au Castella, à 3,5 milles nautiques du lieu de l’accident. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Après la mort d’au moins 62 migrants dans un naufrage en Italie, les responsables politiques appellent l’Europe à prendre ses responsabilités

C’est un nouveau drame qui s’est déroulé en mer Méditerranée. « A l’heure actuelle, quatre-vingts personnes ont été récupérées en vie, dont certaines ont réussi à rejoindre le rivage après le naufrage, et quarante-trois cadavres ont été retrouvés le long du littoral », avaient fait savoir les gardes-côtes italiens dans un communiqué, en fin de matinée dimanche. Les pompiers italiens ont dans un premier temps évoqué avoir repêché vingt-huit corps et retrouvé trois autres plus loin, entraînés par les courants maritimes.

Selon les gardes-côtes, l’embarcation surchargée transportait environ cent vingt personnes et se serait brisée en heurtant des rochers à quelques mètres de la côte, la mer étant agitée. Le bilan pourrait s’alourdir dans les prochaines heures.

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Les pompiers évoquent eux « plus de deux cents personnes », tandis que l’agence de presse Adnkronos précise qu’il s’agirait d’une centaine de personnes originaires d’Iran, du Pakistan, d’Afghanistan. Parmi les victimes figure un « nourrisson de quelques mois », d’après l’agence de presse AGI.

Avancer sur le droit d’asile

Faisant part de sa « profonde douleur », la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni a réagi dans un communiqué dimanche, jugeant « criminel de mettre en mer une embarcation de vingt mètres à peine avec deux cents personnes à bord et une mauvaise prévision météo ». « Le gouvernement est engagé à empêcher les départs, et avec eux ce genre de tragédie, et continuera à le faire, exigeant avant tout la plus grande collaboration des Etats de départ et d’origine », a assuré Mme Meloni.

« Des dizaines et des dizaines de morts noyés, dont des enfants, beaucoup de disparus. La Calabre est en deuil pour cette terrible tragédie », a de son côté déploré dans un communiqué Roberto Occhiuto, président de la région.

Le président de la République, Sergio Mattarella, a déploré le naufrage dans lequel « des dizaines de personnes, dont des enfants, ont perdu la vie ». « Un grand nombre de ces migrants venaient d’Afghanistan et d’Iran, fuyant des conditions très difficiles », a ajouté le chef de l’Etat, exprimant le souhait d’« un fort engagement de la communauté internationale pour éliminer les causes des migrations : guerres, persécutions, terrorisme, pauvreté… ».

Evoquant lui aussi sa « douleur », le pape François a affirmé « prier pour chacun d’entre eux, pour les disparus et pour les autres migrants ayant survécu ». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a pour sa part affirmé sur Twitter, que « chaque personne qui cherche une vie meilleure a le droit à la sécurité et la dignité », demandant des couloirs « sûrs et légaux pour les migrants et les réfugiés ».

La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s’est dite « profondément attristée » par cette « tragédie », dans un tweet, a appelé à avancer sur la réforme du droit d’asile dans l’Union européenne. Mme von der Leyen a appelé à « redoubler d’efforts concernant le pacte sur les migrations et le droit d’asile, et sur le plan d’action pour la Méditerranée centrale ».

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Nouvelle loi sur le sauvetage des migrants

Des images de la police italienne montrent des débris de bois disséminés sur une centaine de mètres de la plage, où se trouvaient de nombreux secouristes dimanche à la mi-journée ainsi que des rescapés en attente de leur transfert dans un centre d’accueil.

Ce naufrage survient quelques jours à peine après l’adoption, par le Parlement italien, de nouvelles règles controversées sur le sauvetage des migrants en mer, émanant du gouvernement de coalition dominé par l’extrême droite et dirigé depuis octobre par Giorgia Meloni. Cette dernière avait promis, une fois qu’elle aurait accédé au pouvoir, de réduire le nombre de migrants arrivant en Italie. La nouvelle loi oblige les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès au cours de la traversée de la Méditerranée centrale, considérée comme la route la plus périlleuse au monde pour les migrants.

Le gouvernement italien accuse les ONG de faire augmenter, par leur action, les arrivées de migrants en l’Italie et d’encourager les trafiquants à les organiser. Pourtant, celles-ci ne secourent qu’un faible pourcentage des migrants souhaitant arriver en Europe, la plupart des opérations de sauvetage étant effectuées par des navires de la garde côtière ou de la marine. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Migrants : en Italie, la « guerre » du gouvernement contre les ONG

« Les personnes en mer doivent être sauvées quel que soit le coût, sans pénaliser ceux qui les aident », a réagi dimanche sur Twitter Carlo Calenda, ex-ministre et chef du parti centriste Azione. « C’est humainement inacceptable et incompréhensible, car on est là à assister à des tragédies évitables », a écrit pour sa part l’ONG Médecins sans frontières (MSF) sur Twitter.

Pour le ministre de l’intérieur, Matteo Piantedosi, cette « tragédie (…) démontre qu’il est absolument nécessaire de lutter fermement contre les filières de l’immigration clandestine ».

La situation géographique de l’Italie fait du pays une destination de choix pour les demandeurs d’asile qui quittent l’Afrique du Nord pour l’Europe. Rome se plaint depuis longtemps du nombre d’arrivées sur son territoire, estimant ne pas avoir les moyens d’y faire face, malgré l’aide matérielle et financière fournie par l’Union européenne.

Selon le ministère de l’intérieur italien, près de 14 000 migrants ont débarqué sur les côtes de l’Italie depuis le début de l’année 2023, contre environ 5 200 durant la même période en 2022 et 4 200 au total en 2021. Les corps de huit personnes, dont une femme enceinte, ont précédemment été découverts à bord d’une embarcation aux abords de l’île italienne de Lampedusa, vendredi 3 février.

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