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L’Azaouad ne sera pas le Rwanda du Sahel
Ancien et nouveau colonialisme
« À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, un ensemble de facteurs a perturbé la tenue de ce négoce caravanier, amorçant son déclin, … Les rapports sociaux de production et d’échange, les rapports de domination, ainsi que les rapports des populations à l’espace ont pour une bonne part été bouleversés… entraînant ces populations dans une situation de crise. » (Julien Brachet)
Ceci est bien sûr valable pour l’ensemble des confédérations touarègues, qui va être violemment soumis à la destruction du commerce caravanier, à la première colonisation du Sahara, puis à la seconde colonisation de la zone sahélo-saharienne par les nouveaux « États-nations » créés de toutes pièces sans la moindre légitimité populaire, ni aucun ancrage historique, sociétal et politique.
Cette seconde colonisation – de l’Africain par l’Africain – est issue d’un découpage territorial et d’un tracé à l’équerre de frontières n’ayant jamais existé depuis plusieurs millénaires ni du fait de l’homme, ni du fait de la nature. Autrefois, les Africains obéissaient aux règles de la nature dans un monde écologique fait d’hyper-adaptations bio-climatiques, d’échanges, d’interpénétrations et de synchrétismes, de valeurs nobles d’honnêteté et de dignité construites sur des mobilités et sur des visions partagées.
La rupture
Citons Aimé Césaire qui a très bien réalisé la gravité du grand bouleversement disruptif :
C’étaient des sociétés communautaires
jamais de tous pour quelques-uns.
…
C’étaient des sociétés démocratiques, toujours.
C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles.
Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme.
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme,
Présence Africaine, Paris 1955.
Oui, l’ancienne, et dans une plus grande mesure, selon, la colonisation actuelle aura détruit les équilibres et cassé les codes existants, le vivre ensemble, une harmonie millénaire sur le continent même qui a vu naître l’Humanité avec un grand H.
Ceux qui vont permettre le pillage, le contrôle des ressources naturelles et la mise en place de nouvelles “économies extraverties” (Samir Amin) seront les premiers et seuls bénéficiaires du grand bouleversement qui va conduire l’Afrique dans un monde aux mains des majors, du FMI et de la Banque mondiale. Un monde qui subit l’invasion barbare des Ogm, de la pollution des pesticides, du clinquant, du réchauffement climatique, du fléau du nucléaire et de la radio-activité, et qui subit une déstructuration sauvage de l’économie, de l’organisation et des modes de vie des populations. Ce système est largement dominé par la prédation, la corruption, le crime, la contrebande, et pardessus tout la mauvaise gouvernance et la mentalité putchiste d’aventuriers en uniforme héritiers des Tirailleurs et autres milices ou mafias de faux djihadisme qui, souvent éphémères, gangrènent le continent depuis plus d’un demi siècle. Voilà le vrai virus qui contamine et ravage l’Afrique d’aujourd’hui.
Azaouad, Azaouagh, Aïr, Ahaggar, Ajjer, Fezzan
Les pays où vont être dépossédés, oppressés, spoliés et enclavés les nomades Touaregs, Arabes et Peuls, ainsi que leurs frères semi-nomades et sédentaires des oasis et des grandes cités africaines (Tombouctou, Oualata, Gao, Timmi, Ghadames, Chinguetti, Agadez, Zinder, Ubari, Mobti, Ségou, etc.) sont largement tombés entre les mains de pouvoirs changeants, instables, et surtout militaires, dictatoriaux, au mieux transformant la région en une série de res-publica bananières où les dirigeants organisent la prédation et l’injustice. C’est le règne de l’impunité des sergents, adjudants et autres capitaines parfois auto-promus en généraux, voir en maréchaux, bérets verts, bérets rouges, bérets noirs, bérets bleus. Le Mali actuel, issu du découpage colonial et non de l’empire du Mali de Soundiata qui lui est aussi découpé en morceaux sur sept États d’Afrique de l’Ouest, est un parfait exemple de marécage, de grenouillage, de marasme, de sous-développement, de non-droit, de dysfonctionnement et surtout de mauvaise gestion érigée en système. Quant au chapelet des anciens royaumes et sultanats peuls qui se répartissaient de l’Atlantique à la Mer Rouge (conférer Cheikh Anta Diop et Hampaté Ba), ils ont tout simplement été rayés de la carte comme ceux des Imouhar, Imejjejaghen ou Imouchar (Touaregs du tobol).
Indice Ibrahim de gouvernance en Afrique
L’édition 2022 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) a été publiée le 25 janvier 2023. Il mesure de la qualité de la gouvernance d’un pays. C’est un outil africain mis au point par la fondation Mo Ibrahim. L’édition 2022, dégage les tendances observées en matière de mal-gouvernance entre 2012 et 2021. Les États coloniaux du Sahel tel que le Mali sont parmi ceux qui pâtissent de la plus désastreuse des « gouvernances ». Un secret de polichinelle.
Fascisme ou social-fascisme
Se dit du partisan d’un régime politique reposant sur un État fort et sécuritaire, privant ses citoyens de libertés : dans le cas, par exemple, du Mali, comme de l’Algérie, il s’agit d’États déliquescents mourants et dégénérés. Hors normes, adossés à une information mensongère et de falsification de l’histoire. Extrajudiciaires. Hors-la-loi. Ils prônent et mettent en place la dictature d’un parti unique, ou d’un multi-partisme, de façade où l’exaltation nationaliste, le clanisme et le corporatisme battent leur plein. Cette doctrine ou tendance vise à installer un régime autoritaire fondé sur un fort sentiment nationaliste et la toute-puissance de celui qui prend le pouvoir par la force.
APPEL AU MEURTRE
Une vidéo dont nous avons réalisé des captures, publiée en 2021 et qui revient, circule encore sur les réseaux et les smartphones. Cette vidéo est-elle de la pure propagande ? Une énième incitation à violer les lois et au crime ?
Tout à fait. Peut-être se croient-ils tout permis à Kati parce qu’ils ont des treillis de camouflage, des cagoules et un nouveau partenaire. Ainsi, annonceraient-ils quelques macabres aventures ?
La voix électronique féminine que l’on entend dans la vidéo s’exprime en ces termes : « savez-vous que les deux tiers du nord Mali a déjà été libéré en moins de un mois », « Maliens et Maliennes, si vous avez des parents dans des zones au Nord du Mali, prenez vos téléphones et renseignez vous, … les Famas en collaboration avec les militaires russes ont procédé ce 12 janvier 2021 à des engagements militaires dans le Nord du pays, notamment aux environs de la commune d’Asongo. Bilan au moins 107 terroristes neutralisés et une cinquantaine de prisonniers, entre autre le bras droit d’Iyad Ag Ghali, Mokhtar Ibn ElWalid* qui dirigeait plusieurs attaques dans le Nord Mali et l’Ouest du Niger, région de Tilabéry. L’opération a été planifiée, drones y sont utilisés dans le plus grand secret professionnel sans en informer la task force Takouba et même la Minusma. Maliens et Maliennes, la Minusma aussi doit quitter le Mali … ce qui nous fait hyper mal c’est que des Maliens sont encore opposés à ces militaires. »
La voix poursuit : « Les opposants doivent s’ajouter aux militaires POUR NETTOYER LE MALI AVANT DE PARLER DE POLITIQUE. Aujourd’hui, 120 000 terroristes a été neutralisé au Mali. … savez-vous que ni France 24, ni RFI ne parlera de ces victoires du Mali. Oui aucune chaine européenne n’en parlera. La vie d’un Malien n’est rien devant ces Occidentaux. Voilà pourquoi ils ne soutiennent pas le peuple du Mali… » suit une liste d’opposants et de personnalités politiques, religieuses et de la société civile malienne traités de collaborateurs des puissances européennes … « les politiciens du Mali qui doivent être arrêtés si jamais » … qui n’arrêtent pas de travailler pour la France et « sont payés par la France », sont présentement Hubert Koulibaly à Abidjan pour recruter des mercenaires, Boukari Kereta, Moussa Tambli, Isaac Aoudji, … Rasbat, … c’est un drogué maudit, » « c’est le satan du Mali » … « si lui il ne fait pas attention, il se retrouvera dans le malheur. LA POPULATION RISQUE DE BRÛLER TOUS SES BIENS UN JOUR. « Dés que vous avez des preuves enfermez la personne … NE RESPECTEZ AUCUNE LOI, ni de la CEDEAO, ni de la Communauté internationale, … nous comptons sur vous et sur vos partenaires. Vive le Mali. Vive les cinq colonels … »
Radio Mille Collines
Ce texte, au demeurant mal rédigé et comportant des erreurs, constitue une véritable anthologie. Il incite à l’élimination. Il pousse au meurtre, à liquidation, au carnage, sans autre forme de procédure. La loi de la jungle, machette à la main. Cette vidéo de Kati rappelle les funestes discours de la Radio des mille collines (RTLM) qui encourageait le génocide au Rwanda en 1994 appelée aussi à Kigali « la voix de la mort » principale arme de propagande du « Hutu Power ». Pour ceux qui croyaient « plus jamais ça », la bête immonde est de retour après un début d’exécution en 2012-2013 à Bamako. La camaraderie, l’amitié et la fraternité sont abolis. « C’est la loi de la jungle, chacun fait ce qu’il veut et les plus forts triomphent. », Paul Rassinier – Les responsables de la seconde guerre mondiale – 1967.
Selon un acteur et selon un observateur important de la région, « le Mali beigne dans l’impunité depuis la colonisation française. On a jamais traduit en justice les auteurs des crimes sur les Touaregs, les Arabes et les Peuls. ». La vidéo diffusée par Kati permet, elle aussi, de documenter et publier la liste des crimes et appels à la haine en toute impunité. Elle permet d’analyser pour mieux les comprendre et médiatiser les causes profondes, la racine de ce mal et des malheurs qui l’accompagnent.
Il n’y aura pas de décennie noire au Mali comme en Algérie, son clone, car 60 ans de Mali bananier ou néo-nazi amateur cela suffit déjà amplement. Mali, Algérie, se ressemblent tellement que l’on est quasiment persuadés que la vidéo, elle-même, est réalisée par des agents du DRS-Alger-Dély-Ibrahim ou dans une officine du Kgb. Le montage est grotesque mais efficace et trompeur. Il s’adresse aux populations du sud de Bamako, mais aussi à celles exportées au Nord, dans le but de les fanatiser et d’obtenir ainsi un semblant de légitimité en flattant et en exécutant une vindicte populaire provoquée artificiellement, sciemment. Les militaires de la junte de Kati-Bamako appellent leur opposition, largement majoritaire, à participer au pogrom et à la loi de la jungle afin de masquer leur absence totale de légitimité populaire, de légalité constitutionnelle et de compétence en matière de développement économique et social. Ils ne sont que des putschistes à l’image de leurs maîtres de l’armée algérienne Anp-Kgb, des mercenaires Wagner et des milices Ganda-koy etc.
Les Touaregs, les Arabes et les Peuls ne seront pas les Tutsi du Sahara
Il n’y aura pas de génocide et de pogroms contre les Touaregs et les Arabes chez eux dans l’Azaouad. Le Rwanda, le Yémen, Oradour-sur-Glane, Ader Ambouken, Guernika ou les pendus du Damergou, doivent demeurer des tâches noires du passé. Les Touaregs, les Arabes et les Peuls du Sahara et du Sahel ne sont pas des Aborigènes d’Australie, de Tasmanie ou de Nouvelle-Zélande, ni des Amérindiens, des Incas, des Bamiléké aspergés de napalm, ni des Héréros et des Namas à exterminer. Les Touaregs, les Arabes et les Peuls du Sahara et du Sahel ne seront pas les Tutsi du Sahel.
Les violences perpétrées dans le cadre de la colonisation de Bamako en Azaouad, sa politique de coercition générale fait que les populations oppressées victimes ont perdu leurs meilleures terres, sont empêchées de pratiquer leurs transhumances, leurs cheptels décimés à la moindre sécheresse, les familles séparées, exilées, tandis que le trésor de guerre et la terreur des Fama s’amplifient.
La campagne militaire, la désinformation doivent cesser. Les détenus encore vivants à ce jour doivent être libérés. Justice doit être rendue pour ceux qui ont péri durant ce conflit de 60 années, soit par les armes, soit à la suite de mauvais traitements (disette, travail forcé, torture, absence de soins). Doivent être protégés tous ceux qui demeurent à la merci des coups violents et incessants dont les corps sont brûlés, sur place. Les atrocités dont nous avons été témoin, particulièrement sur les femmes et les enfants, – trop horrible pour être écrit – doivent aussi cesser sans délai.
Par ailleurs, les conditions de vie dans les camps de réfugiés de Mberra en Mauritanie et ceux du Burkina-Fasso, attirent l’attention de l’opinion internationale sur les projets de complots qui se préparent en sourdine ici et là sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, sachant que la majorité des relais mafieux des régimes sans légitimité sont les véritables acteurs du désordre dans la zone. Les camps particulièrement insalubres, où vivent des centaines de milliers de personnes, en manque de matériel et de fournitures médicales, la situation provoque de nombreux décès. Ces populations sont livrées à la sous-alimentation et aux manque d’hygiène à l’origine de maladies contagieuses. Les organismes internationaux compétents devraient également se concerter pour y trouver une solution.
Dans le même temps, il semble que se prépare une intervention de l’armée algérienne à partir de l’Est de la Mauritanie à Naama et de Tamanrasset. Ainsi, se comprend mieux le piège pensé par l’état-major de l’ANP algérienne pour éviter des sanctions de la part des USA et de l’UE, en raison de son engagement en faveur de la Russie en Ukraine, en signant une feuille de route de coopération militaire et sécuritaire avec la France, qui cache bel et bien l’alliance stratégique entre l’ANP, les Russes de Wagner et les Fama maliennes. L’Algérie est en effet toujours liée par un accord stratégique à la Russie et 85 % de son armement est russe.
Le livre noir du Mali
Les populations sont parquées comme des animaux, derrière des fils de fer barbelés entassés par groupe de cinquante ou plus, sans distinction d’âge ni de sexe, comme les Héréros autrefois en Namibie. Spoliations des terres, des pâturages, des points d’eau, lynchages, incendies, les Famas et leur allié, quelque qu’il soit, doivent être empêchés dans leur entreprise et dans leur politique de terre brûlée en Azaouad. Ne laissons plus exterminer et violenter les populations sans défense, les malheureux vivant au dessous du seuil de pauvreté, les orphelins, les familles ruinées et amputées de leurs êtres les plus chers.
Annonçons, déclamons le livre noir du mali et de l’Azaouad que malheureusement les détenteurs de tradition orale et les griots connaissent déja sous l’arbre à palabres. Afin de mieux signifier la nature des exactions systématiques dont est victime l’Azaouad, depuis le siècle dernier, il est plus clair d’utiliser les concepts parlant d’écocide, d’ethnocide et de génocide. Suite à l’affirmation incontestable des faits, cette situation qui s’éternise ouvre droit à une série de mesures attendues sur le plan du droit international telle que l’imprescriptibilité des crimes, la notion de réparation, et le devoir de mémoire.