Comment Parler de Toi Liban? Identité Plurielle et Complémentarité

Par Evelyne Accad

Université de Balamand

Colloque « Francophonie : conflit ou complémentarité identitaire »

16 au 20 Avril 2007

Pour répondre à la problématique de ce colloque, j’ai réfléchis à la relation entre identité et écriture.  Et la question que je me suis posée est : comment et pourquoi j’écris.  Une réponse immédiate qui m’est venue, c’est que j’écris la mixité.  Dès le début de ma vie, j’ai vécu le métissage et le monde pour moi a toujours été un mélange de différentes cultures, religions, langues, etc. ; que je vive au Liban ou ailleurs, je n’ai pas un sentiment d’exil mais plutôt de mélanges.  Je suis née de la mixité, d’abord celle de mes parents : mère suisse, père libanais, lui-même né en Egypte, à Alexandrie, mixité religieuse aussi, lui issu d’un milieu grec-orthodoxe, se convertissant au protestantisme à l’âge de 18 ans, partant à Genève pour étudier la Bible, ville où il rencontre ma mère.  Donc mélange de moral rigide protestante et de folie sensuelle amoureuse de mes parents.  La ville de Beyrouth elle-même fait partie de mon sentiment de mixité car c’était et c’est toujours l’une des villes les plus cosmopolites de cette région du monde où les langues, les religions, les cultures se croisent et se rejoignent souvent de manière harmonieuse.

Mon écriture est donc issue de ces mélanges et je m’en suis rendue compte lorsque j’ai commencé à l’analyser ; j’ai alors remarqué mon utilisation de mélanges, mélanges de genres (romans, essais, poésie, chants, théâtre, analyses, etc.), de styles (prose, poésie, chants, lettres, citations, etc.,), de langues (Français, Arabe, Anglais) ; conception quelques fois circulaire du temps dans la construction de mes romans, récits ou nouvelles, ces manières d’écrire faisant partie du mouvement de l’écriture féministe (voir Cixous, Irigaray, Gauthier, etc.) mais aussi de la tradition arabe, le zajal, mélange de prose et de poésie (voir un des plus connus des écrivains arabe-francophones Kateb Yacine dans Nedjma).  L’écriture féministe c’est aussi l’écriture du corps et je la pratique, j’y reviendrai.

C’est à partir de cette mixité que j’ai pu me révolter car être conscient qu’on est issu de mélanges permet l’éloignement de coutumes opprimantes et donne des fenêtres d’échappement, des horizons éclairés et des portes ouvertes.  Mes origines mélangées m’ont permis d’adopter une perspective que je n’aurais peut-être pu acquérir autrement; il s’agit d’un métissage que Lionnet définit comme « un hybride dialogique amalgamant des éléments hétérogènes. »[1]  Ce métissage m’a donné le courage de partir lorsque j’ai eu le sentiment que la vie allait se refermer sur moi, et la force de revenir lorsque j’ai pensé que je pourrais retrouver une place dans la vie publique du Liban.

L’écriture aussi m’a aidée à soigner mes blessures ; elle m’a réconciliée avec mon passé. Lorsque j’écris ce qui me bouleverse, j’exorcise la colère, la peine, les souffrances, et je peux avancer. Lorsque je chante et vois, spécialement au Liban, les larmes de mon public, je suis envahie par l’idée que je peux réellement le faire bouger.  Et la question me vient : et si je le remuais au point de changer ce qui ne va pas dans la société libanaise ? Et si je le conduisais à voir le besoin d’amour, de tendresse, de transformation des relations fondées sur la violence et la destruction ?

Il y a donc un engagement profond dans mon écriture et ma création, les thèmes que j’aborde se réfèrent presque toujours à des problèmes contemporains, à des personnages réels, à des choses observées autour de moi, bien sûr il s’y mêle l’imaginaire  de l’auteur, mais au départ, c’est l’écriture de la vie qui domine. C’est aussi l’écriture du corps.

Dans l’écriture, je cherche à dévoiler les problèmes que j’ai vécus mais aussi ceux du monde arabe ; toute mon œuvre créatrice est liée aux problèmes contemporains.  Saisir le monde pour moi signifie comprendre sa douleur, sa souffrance, l’oppression subie dans toutes ses formes, creuser au fond de moi, de mon expérience atteindre les dimensions cruciales, essentielles de ma condition de femme arabe, et aussi transmettre avec un sentiment d’urgence ce que je vis, ce que je vois, avec autant de précision que possible, sous ses multiples facettes, dans toute sa complexité.  Ecrire la douleur et la souffrance c’est écrire le corps, ses joies et ses blessures, c’est comprendre à partir de ses sens, le sens de la vie !

Choisir le mot juste, pour moi, n’est pas toujours facile en partie parce que je m’exprime dans trois langues – Français, Anglais, Arabe – que j’emploie selon le genre de l’écriture (thèse, article, nouvelle ou roman, lettre, poème, chant).  On me demande souvent, et je me pose aussi souvent cette question: peut-on sérieusement poursuivre plusieurs genres d’écriture et utiliser différentes langues.  En d’autres termes, peut-on à la fois travailler plusieurs formes d’écriture chacune dans des langues différentes ? Ne vaut-il pas mieux se perfectionner dans un genre et une langue ?  La différence n’est-elle pas fondamentale entre l’écriture de la réflexion-analytique (celle d’un essai, d’un article universitaire) et l’écriture de l’imagination-créatrice d’un roman ? Le développement de l’une n’entrave-t-il pas celui de la seconde ?  L’utilisation de plusieurs langues ne porte-t-elle pas à la confusion ?

Ces questions me renvoient à mon passé, à mes « racines ».  De nombreux écrivains Nord-Africains, comme Driss Chraïbi, Albert Memmi, Abdel-Kebir Khatibi, Marguerite Taos-Amrouche, ont dit leur écartèlement entre deux cultures, leur déchirement et finalement leur malheur; ils utilisent des expressions comme « bâtard historique », « aliénation culturelle », « être assis entre deux chaises », « malaise »[2]– A leur différence, je partage le sentiment d’Andrée Chedid qui insiste sur la valeur du mélange, de ce qu’elle appelle l’hybridation ; elle souligne l’enrichissement, la tolérance, l’ouverture d’esprit, le cosmopolitisme qu’elle apporte.

Ces valeurs ont autrefois été, et continueront toujours d’être je l’espère, celles du Liban : « Un pays où des voix opposées qui s’affrontent font de leur mieux pour rester en harmonie.  Durant des siècles, il a été marqué par des signes inaltérables, et pourtant rien de fixe, de déterminé, de platement éternel ne l’emporte ici. De très anciennes terres de rêve ne cessent jamais de puiser la vie en elles-mêmes[3] ».

Un jour où je disais à Andrée Chedid mon angoisse d’utiliser des anglicismes lorsque j’écris en Français, elle m’a fait cette remarque surprenante : « Mais c’est très bien. Tu aères la langue! ».

L’écriture dans l’exil ouvre des horizons, des chemins nouveaux, encore non tracés. Elle aide à supporter l’exil.  Et par retournement, l’exil, le choc créé par l’affrontement de différentes cultures, la souffrance de la séparation, le désir de retour alimentent le souffle de l’écriture.  La découverte de nouvelles formes, de nouvelles idées, de nouveaux rythmes s’effectue dans le frottement des langues et des cultures, l’écartèlement, les souffrances qui appelent la fusion, l’harmonie, la compréhension, un amour de la vie et des autres au-delà des clans et des frontières.

Bibliographie

Abou, Sélim.  Le Bilinguisme arabe et français au Liban.  Paris:  PUF, 1962.

Accad, Evelyne.  Veil of Shame:  The Role of Women in the Contemporary Fiction of North Africa and the Arab World.  Sherbrooke:  Naaman, 1978.

——.  L’Excisée.  Paris:  L’Harmattan, 1982.  (Available in English as L’Excisée.  Washington: Three Continents Press, 1989.)

——.  Coquelicot du massacre.  Paris:  L’Harmattan, 1988.

——.  Sexuality and War:  Literary Masks of the Middle East.  New York:  New York U P, 1990.

Adnan, Etel.  « To Write in a Foreign Language. »  Connexions 22 (Fall 1986, Winter 1987):  13-17.

de Beauvoir, Simone.  Le Deuxième Sexe. 2 vols.  Paris:  Idées, 1969.

Camus, Albert.  L’Envers et l’endroit.  Paris:  Gallimard, 1952.

Chedid, Andrée.  La Maison sans racines.  Paris:  Flammarion, 1985.

——.  Liban.  Paris:  Seuil (Petite Planète), 1974.

Dillard, Annie.  Living by Fiction.  New York:  Harper Colophon, 1982.

Khatibi, Abdelkebir.  Amour bilingue.  Montpellier:  Fata Morgana, 1983.

Lionnet, Françoise.  Autobiographical Voices: Race, Gender, Self-Portraiture.  Ithaca: Cornell University Press, 1989.

——  « Feminism, Universalism and the Practice of Excision, » Passages, Issue One, 1991, Northwestern University, p. 3.

Moraga, Cherrie.  Loving in the War Years.  Boston:  South End Press, 1983.

Munro, Eleanor.  Originals:  American Women Artists.  New York:  Touchstone,  1979.

Rank, Otto.  Art and Artist.  New York:  Knopf, 1932.

el Saadawi, Nawal.   Woman at Point Zero.  London:  Zed Press, 1983.

——.  The Fall of the Imam.  (novel).  Methuen, 1988.

——.  Memoirs of a Woman Doctor, transl. Catherine Cobham.  San Francisco:  City Lights Books, 1989.

——.  Two Women in One, transl. Osman Nusairi and Jana Gough.  London:  al-Saqi Books, 1985.

——.  Searching,transl. Shirley Eber.  London and New Jersey.  Zed Books.  1991.

Waring, Marilyn.  Women, Politics and Power.  Wellington/London:  Unwin, 1985.

Woolf, Virginia.  Moments of Being.  New York:  Harcourt, 1976.

Yétiv, Isaac.  Le Thème de l’aliénation dans le roman maghrébin d’expression française.  Sherbrooke:  CELEF, 1972.

[1] Lionnet, Autobiographical Voices: Race, Gender, Self-Portraiture (Ithaca: Cornell University Press, 1989) first chapter.

[2] Voir en particulier, l’analyse incisive d’Isaac Yétiv dans « Le thème de l’aliénation dans le roman maghrébin d’expression française ».

[3] Chedid, Liban, p. 6. 

Comment Parler de Toi Liban? Identité Plurielle et Complémentarité

Par Evelyne Accad

Université de Balamand

Colloque « Francophonie : conflit ou complémentarité identitaire »

16 au 20 Avril 2007

Pour répondre à la problématique de ce colloque, j’ai réfléchis à la relation entre identité et écriture.  Et la question que je me suis posée est : comment et pourquoi j’écris.  Une réponse immédiate qui m’est venue, c’est que j’écris la mixité.  Dès le début de ma vie, j’ai vécu le métissage et le monde pour moi a toujours été un mélange de différentes cultures, religions, langues, etc. ; que je vive au Liban ou ailleurs, je n’ai pas un sentiment d’exil mais plutôt de mélanges.  Je suis née de la mixité, d’abord celle de mes parents : mère suisse, père libanais, lui-même né en Egypte, à Alexandrie, mixité religieuse aussi, lui issu d’un milieu grec-orthodoxe, se convertissant au protestantisme à l’âge de 18 ans, partant à Genève pour étudier la Bible, ville où il rencontre ma mère.  Donc mélange de moral rigide protestante et de folie sensuelle amoureuse de mes parents.  La ville de Beyrouth elle-même fait partie de mon sentiment de mixité car c’était et c’est toujours l’une des villes les plus cosmopolites de cette région du monde où les langues, les religions, les cultures se croisent et se rejoignent souvent de manière harmonieuse.

Mon écriture est donc issue de ces mélanges et je m’en suis rendue compte lorsque j’ai commencé à l’analyser ; j’ai alors remarqué mon utilisation de mélanges, mélanges de genres (romans, essais, poésie, chants, théâtre, analyses, etc.), de styles (prose, poésie, chants, lettres, citations, etc.,), de langues (Français, Arabe, Anglais) ; conception quelques fois circulaire du temps dans la construction de mes romans, récits ou nouvelles, ces manières d’écrire faisant partie du mouvement de l’écriture féministe (voir Cixous, Irigaray, Gauthier, etc.) mais aussi de la tradition arabe, le zajal, mélange de prose et de poésie (voir un des plus connus des écrivains arabe-francophones Kateb Yacine dans Nedjma).  L’écriture féministe c’est aussi l’écriture du corps et je la pratique, j’y reviendrai.

C’est à partir de cette mixité que j’ai pu me révolter car être conscient qu’on est issu de mélanges permet l’éloignement de coutumes opprimantes et donne des fenêtres d’échappement, des horizons éclairés et des portes ouvertes.  Mes origines mélangées m’ont permis d’adopter une perspective que je n’aurais peut-être pu acquérir autrement; il s’agit d’un métissage que Lionnet définit comme « un hybride dialogique amalgamant des éléments hétérogènes. »[1]  Ce métissage m’a donné le courage de partir lorsque j’ai eu le sentiment que la vie allait se refermer sur moi, et la force de revenir lorsque j’ai pensé que je pourrais retrouver une place dans la vie publique du Liban.

L’écriture aussi m’a aidée à soigner mes blessures ; elle m’a réconciliée avec mon passé. Lorsque j’écris ce qui me bouleverse, j’exorcise la colère, la peine, les souffrances, et je peux avancer. Lorsque je chante et vois, spécialement au Liban, les larmes de mon public, je suis envahie par l’idée que je peux réellement le faire bouger.  Et la question me vient : et si je le remuais au point de changer ce qui ne va pas dans la société libanaise ? Et si je le conduisais à voir le besoin d’amour, de tendresse, de transformation des relations fondées sur la violence et la destruction ?

Il y a donc un engagement profond dans mon écriture et ma création, les thèmes que j’aborde se réfèrent presque toujours à des problèmes contemporains, à des personnages réels, à des choses observées autour de moi, bien sûr il s’y mêle l’imaginaire  de l’auteur, mais au départ, c’est l’écriture de la vie qui domine. C’est aussi l’écriture du corps.

Dans l’écriture, je cherche à dévoiler les problèmes que j’ai vécus mais aussi ceux du monde arabe ; toute mon œuvre créatrice est liée aux problèmes contemporains.  Saisir le monde pour moi signifie comprendre sa douleur, sa souffrance, l’oppression subie dans toutes ses formes, creuser au fond de moi, de mon expérience atteindre les dimensions cruciales, essentielles de ma condition de femme arabe, et aussi transmettre avec un sentiment d’urgence ce que je vis, ce que je vois, avec autant de précision que possible, sous ses multiples facettes, dans toute sa complexité.  Ecrire la douleur et la souffrance c’est écrire le corps, ses joies et ses blessures, c’est comprendre à partir de ses sens, le sens de la vie !

Choisir le mot juste, pour moi, n’est pas toujours facile en partie parce que je m’exprime dans trois langues – Français, Anglais, Arabe – que j’emploie selon le genre de l’écriture (thèse, article, nouvelle ou roman, lettre, poème, chant).  On me demande souvent, et je me pose aussi souvent cette question: peut-on sérieusement poursuivre plusieurs genres d’écriture et utiliser différentes langues.  En d’autres termes, peut-on à la fois travailler plusieurs formes d’écriture chacune dans des langues différentes ? Ne vaut-il pas mieux se perfectionner dans un genre et une langue ?  La différence n’est-elle pas fondamentale entre l’écriture de la réflexion-analytique (celle d’un essai, d’un article universitaire) et l’écriture de l’imagination-créatrice d’un roman ? Le développement de l’une n’entrave-t-il pas celui de la seconde ?  L’utilisation de plusieurs langues ne porte-t-elle pas à la confusion ?

Ces questions me renvoient à mon passé, à mes « racines ».  De nombreux écrivains Nord-Africains, comme Driss Chraïbi, Albert Memmi, Abdel-Kebir Khatibi, Marguerite Taos-Amrouche, ont dit leur écartèlement entre deux cultures, leur déchirement et finalement leur malheur; ils utilisent des expressions comme « bâtard historique », « aliénation culturelle », « être assis entre deux chaises », « malaise »[2]– A leur différence, je partage le sentiment d’Andrée Chedid qui insiste sur la valeur du mélange, de ce qu’elle appelle l’hybridation ; elle souligne l’enrichissement, la tolérance, l’ouverture d’esprit, le cosmopolitisme qu’elle apporte.

Ces valeurs ont autrefois été, et continueront toujours d’être je l’espère, celles du Liban : « Un pays où des voix opposées qui s’affrontent font de leur mieux pour rester en harmonie.  Durant des siècles, il a été marqué par des signes inaltérables, et pourtant rien de fixe, de déterminé, de platement éternel ne l’emporte ici. De très anciennes terres de rêve ne cessent jamais de puiser la vie en elles-mêmes[3] .

Un jour où je disais à Andrée Chedid mon angoisse d’utiliser des anglicismes lorsque j’écris en Français, elle m’a fait cette remarque surprenante : « Mais c’est très bien. Tu aères la langue! »

L’écriture dans l’exil ouvre des horizons, des chemins nouveaux, encore non tracés. Elle aide à supporter l’exil.  Et par retournement, l’exil, le choc créé par l’affrontement de différentes cultures, la souffrance de la séparation, le désir de retour alimentent le souffle de l’écriture.  La découverte de nouvelles formes, de nouvelles idées, de nouveaux rythmes s’effectue dans le frottement des langues et des cultures, l’écartèlement, les souffrances qui appelent la fusion, l’harmonie, la compréhension, un amour de la vie et des autres au-delà des clans et des frontières.

Bibliographie

Abou, Sélim.  Le Bilinguisme arabe et français au Liban.  Paris:  PUF, 1962.

Accad, Evelyne.  Veil of Shame:  The Role of Women in the Contemporary Fiction of North Africa and the Arab World.  Sherbrooke:  Naaman, 1978.

——.  L’Excisée.  Paris:  L’Harmattan, 1982.  (Available in English as L’Excisée.  Washington: Three Continents Press, 1989.)

——.  Coquelicot du massacre.  Paris:  L’Harmattan, 1988.

——.  Sexuality and War:  Literary Masks of the Middle East.  New York:  New York U P, 1990.

Adnan, Etel.  « To Write in a Foreign Language. »  Connexions 22 (Fall 1986, Winter 1987):  13-17.

de Beauvoir, Simone.  Le Deuxième Sexe. 2 vols.  Paris:  Idées, 1969.

Camus, Albert.  L’Envers et l’endroit.  Paris:  Gallimard, 1952.

Chedid, Andrée.  La Maison sans racines.  Paris:  Flammarion, 1985.

——.  Liban.  Paris:  Seuil (Petite Planète), 1974.

Dillard, Annie.  Living by Fiction.  New York:  Harper Colophon, 1982.

Khatibi, Abdelkebir.  Amour bilingue.  Montpellier:  Fata Morgana, 1983.

Lionnet, Françoise.  Autobiographical Voices: Race, Gender, Self-Portraiture.  Ithaca: Cornell University Press, 1989.

——  « Feminism, Universalism and the Practice of Excision, » Passages, Issue One, 1991, Northwestern University, p. 3.

Moraga, Cherrie.  Loving in the War Years.  Boston:  South End Press, 1983.

Munro, Eleanor.  Originals:  American Women Artists.  New York:  Touchstone,  1979.

Rank, Otto.  Art and Artist.  New York:  Knopf, 1932.

el Saadawi, Nawal.   Woman at Point Zero.  London:  Zed Press, 1983.

——.  The Fall of the Imam.  (novel).  Methuen, 1988.

——.  Memoirs of a Woman Doctor, transl. Catherine Cobham.  San Francisco:  City Lights Books, 1989.

——.  Two Women in One, transl. Osman Nusairi and Jana Gough.  London:  al-Saqi Books, 1985.

——.  Searching,transl. Shirley Eber.  London and New Jersey.  Zed Books.  1991.

Waring, Marilyn.  Women, Politics and Power.  Wellington/London:  Unwin, 1985.

Woolf, Virginia.  Moments of Being.  New York:  Harcourt, 1976.

Yétiv, Isaac.  Le Thème de l’aliénation dans le roman maghrébin d’expression française.  Sherbrooke:  CELEF, 1972.

[1] Lionnet, Autobiographical Voices: Race, Gender, Self-Portraiture (Ithaca: Cornell University Press, 1989) first chapter.

[2] Voir en particulier, l’analyse incisive d’Isaac Yétiv dans « Le thème de l’aliénation dans le roman maghrébin d’expression française ».

[3] Chedid, Liban, p. 6.