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Injustice géostratégique dans l’espace sahélo-maghrébin
Chekib Abdessalam / Abderrahmane Mekkaoui
Le pouvoir militaire en Algérie accentue sa guéguerre électronique de désinformation sur les réseaux sociaux contre la France, le Maroc, et dernièrement Israël. Ce cocktail anime les débats de groupes ou personnes invisibles affublées du sobriquet de mouches électroniques par l’opposition algérienne à l’étranger. Ces mouches électroniques ou robots avatars focalisent le débat sur ces trois pays afin de tenter vainement de reconditionner un simulacre de libre arbitre des populations en déliquescence livrées à la seule lutte pour la survie alimentaire au jour le jour.
L’oligarchie militaire de la régence d’Alger dans son entêtement à créer un ennemi classico-imaginaire espère consolider des fantasmes qui relèvent de l’entourloupe et de la peur pour justifier le grand-guignol et le truquage de plus d’un demi siècle de dictature militaire de droit divin. Selon la propagande et ses techniques d’endoctrinement, sans l’ANP, l’Algérie s’effondre alors qu’elle est la cause de tous les maux de la zone.
Le rappel en consultation de l’ambassadeur d’Alger en France, le communiqué délirant de la présidence qui s’en suit, la mise en scène théâtrale de l’APS (Agence de presse service), posent un nombre important de questions dont celle du lien ombilical qui lie les Algériens et les millions d’expatriés à la France centre d’intérêt principal de l’arbre à palabre dans les forums à destination des internautes que l’on prend encore et toujours pour de la chair à propagande totalitaire de type FLN-KGB. Comme si le temps s’était arrêté il y a 62 ans, l’hymne national d’Alger appelé « Qassamane » dont l’auteur, Mufti Zakaria, est mort à Tunis en 1977 en exil depuis la crise de 1962, contient à ce jour, en 2023, des paroles et des slogans appelant la France à rendre des comptes et affirmant que le passif entre les deux parties ne se terminera jamais. Ces invectives ou injonctions datent de la période coloniale comme s’il n’y avait jamais eu ni Accords d’Évian, ni indépendance, ni passations de consignes à Rocher Noir.
Comment un pays tout entier peut-il se fossiliser ou se pétrifier plus d’un demi-siècle génération après génération ? Cette marche régressive, ou comportement maniaque, relève de troubles psychiques et alimente pourtant les conversations de comptoir, des foyers, des tchats et des réseaux sociaux. La dernière pièce de ce vaudeville tragi-comique nous livre un appel à la France d’indemniser Alger – et non pas les victimes elles-mêmes – pour les essais nucléaires pourtant agréés par le FLN en leur temps puis par le gouvernement censé autrefois être indépendant et révolutionnaire. Étant juge et partie, ils apprécient l’indemnisation revendiquée en sourdine selon eux, au pif, entre 800 et 2000 milliards d’Euros équivalent à 20 000 milliards de centimes algériens (1€ = 200 da).
Cette prétention s’accompagne de la réclamation du démantèlement exigé de la tour Eiffel car fabriquée avec du minerai de fer de Ouenza (sic).
La récrimination demande aussi la restitution d’un mythique canon ottoman surnommé « Baba Merzoug » long de 7 mètres, pesant 12 tonnes, butin de guerre emmené en métropole le jour même de la prise d’Alger, le 5 juillet 1830, par l’amiral Guy Duperré. Peut-être serait-il plus judicieux de restituer aux Ottomans ce qui appartient aux Ottomans, c’est à dire à Ankara.
Dans les réseaux sociaux, on relève aussi la réclamation de la part de ces avatars robots de 198 autres objets et l’indemnisation de crimes coloniaux permettant de mêler le vrai et le faux, le véridique et la fantasmagorie, technique de propagande fort utilisée par les régimes populistes, totalitaires et dictatoriaux à travers le monde depuis la nuit des temps. Rien de nouveau à l’Est, moins encore au môle des pirates de Barberousse.
Concernant la question des archives, les animateurs des RSA, réseaux sociaux de l’armée algérienne, recommandent de recouvrir une partie des archives préalablement triées et sélectionnées afin de ne pas dévoiler du même coup des archives compromettantes pour le régime faussaire d’Alger. Ces archives seraient étudiées en catimini par des historiens algériens désignés par l’ANP, à leur tête Mohamed Cheikhi, historien de service au palais d’Elmouradia.
Concernant les indemnisations relatives aux conséquences des essais nucléaires au regard des humains et de l’écosystème naturel, les réseaux sociaux algériens proches des services qui excellent dans la falsification de l’histoire et le camouflage, occultent la réalité des conséquences de ces essais, leur contexte géopolitique et la responsabilité de l’État algérien de 1962 à nos jours, État défaillant, qui n’a jamais pris aucune mesure ni en matière de prévention, ni de barrières de confinement ou d’études génétiques, épidémiologiques et environnementales malgré les royalties de la rente pétrolière englouties. Néant, pas même une route de contournement des bases contaminées.
Afin de cerner la vérité historique relative aux essais nucléaires, bactériologiques, chimiques, biologiques et balistiques, il nous faut distinguer cinq périodes principales :
1- 1956-1959, le retour du sultan Mohamed V de son exil à Madagascar, la signature des accords d’Aix-les-Bains, la période des négociations entre la partie française et marocaine aboutit à un échec. Une collectivité territoriale est crée par la France en 1957 et fonctionne jusqu’en 1963. Il s’agit de l’OCRS, Organisation commune des régions sahariennes, à partir de laquelle le général de Gaulle tentera de générer une entité inféodée à la France sans succès.
Le sultan s’oppose catégoriquement aux essais nucléaires, avant qu’ils aient lieu et après, dés 1956, puis en 1958, 1959 et 1960. Ce rejet catégorique des offres françaises concernant les essais nucléaires est formalisé par le sultan Mohamed V à l’ONU, à la conférence des panafricanistes de Monrovia en 1958, à Vienne auprès de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, en 1959, puis après l’explosion de la gerboise bleue à Reggane le 13 février 1960 puis enfin à la conférence de Casablanca en 1961. L’insistance sans complaisance du Sultan est l’expression de sa ferme volonté de protéger les populations de l’Empire chérifien de la prolifération des armes de destruction massives dans la région afin également de protéger le milieu naturel, les ressources hydriques, la flore et la faune du Sahara alors marocain, dont la départementalisation très tardive date de 1958, jusque-là territoire sous administration militaire française. Pour plus de détail consulter l’ouvrage À qui profite le crime nucléaire au Sahara ? Chapitre 12, De la marocanité millénaire du Sahara, p. 159-184, collection Allure saharienne, Éditions Alfabarre, Paris 2021.
2- 1960-1962, Suite au rejet du sultan Mohamed V, la population du Sahara oriental s’est naturellement alignée sur la position de son souverain le sultan Mohamed V de l’Empire chérifien avec lequel ils sont liés depuis plus d’un millénaire : Tajakant, Touat, Saoura, Tidikelt, Gourara, Ahaggar, Ajjer, Fezzan, vont perdre contre leur gré la nationalité marocaine mais le Saharien n’a pas droit au chapitre en Terra nullius. À partir de février 1960, en 14 mois, 4 essais nucléaires équivalent à 7 fois Hiroshima, vont se dérouler au Touat à Reggane-Hamoudia en accord avec les négociateurs du FLN qui vont trahir le Maroc malgré l’accord signé par le prince Moulay Hassan et le président du GPRA Ferhat Abbés. De Gaulle se rapproche du FLN et propose un deal. Voir conférence du général de Gaulle, archives Ina du 05 09 1961. Le deal est simple : Bombes atomiques, armes bactériologiques, chimiques, biologiques, balistiques contre le territoire du Sahara oriental et le partage alléchant du pétrole et des ressources naturelles. Sous l’influence de la gauche française, de Gaulle va exclure le Maroc, la Tunisie et la Libye des négociations secrètes qui aboutiront à Évian.
3- 1962-1966, cette période est essentiellement caractérisée par les 13 essais nucléaires et 35 d’épandages de plutonium dans la Taourirt tan Afella et la Taourirt Ataram à in Ekker. Dés lors la co-responsabilité de l’Algérie désormais indépendante est engagée pour l’explosion de 11 bombes avec son agrément formel et les mesures concrètes qu’elle prend pour faciliter les opérations. Le drame humain et la catastrophe écologique annoncés sont ignorés en contrepartie du partage des recettes des hydrocarbures, de l’or, des terres rares etc. Conférer la vidéo de l’Ina de la conférence de presse du général de Gaulle (ci-dessous). Ainsi, l’Algérie devient co-propriétaire du Sahara au mépris des Sahariens ravalés au rang de quantité négligeable ou de « nomades clairsemés ».
4- 1967-1984, période caractérisée par la continuation des expérimentations d’armes spéciales, bactériologiques, chimiques, biologiques et balistiques à Beni Ounif, Oued Namous et Hammaguir et les missions d’inspection annuelle des sites nucléaires.
5- 1985-2023, on note la présence d’ingénieurs iraniens et russes. L’Algérie a-t-elle sous-traitée des expérimentations d’armes spéciales ? D’autre part, existe-t-il un nucléaire militaire de l’Algérie et qu’en est-il du traitement de l’uranium des gisements des Timgaouine en Ahaggar dont 69 tonnes ont été extraites selon l’estimation de l’ex-ministre de l’énergie de Bouteflika, Chakib Khalil qui estime par ailleurs à 29.000 tonnes environ les réserves prouvées d’uranium ?
Vu que le territoire du Sahara oriental est directement impacté par les essais nucléaires ayant un statut juridique particulier, territoire militaire puis finalement départements français, le Maroc est en droit de réclamer des dommages et intérêts pour ses populations fières de leur marocanité censurée et réprimée par le régime d’Alger qui transforma le Sahara en terrain d’expérimentation, en usine, en bagne ou en favela. L’ensemble du royaume marocain est irradié jusqu’à l’Atlantique. De nombreuses pathologies mortelles ou handicapantes, cancer, maladies génétiques, trachome, etc, en attestent.
La solution globale, s’il y a indemnité, devrait être recherchée, semble-t-il, dans le sens d’une réparation du préjudice matériel, moral et corporel subi par les victimes dans les espaces maghrébins et sahélo-sahariens en qualité d’ayants droit ou bénéficiaires directs de ce droit. Si vous avez subi un préjudice qui a été causé par un acte ou par une négligence, c’est l’auteur (co-auteur et complice) de l’acte ou de la négligence qui doit vous indemniser. Il s’agit d’une simple application du principe de la responsabilité civile à notre cas d’espèce. L’Algérie co-responsable doit elle-même co-indemniser, avec la France, les victimes et les populations sans exclusion.
Les militaires d’Alger décident récemment d’attribuer une enveloppe budgétaire d’un milliard de dollars prélevée du budget du Ministère de la Défense de 22,7 Milliards d’Euros, destiné à des projets de développement en Afrique qui ne verront jamais le jour au bénéfice de l’agence algérienne de coopération internationale. Il serait plus céans, plus décent, d’investir de tels moyens financiers dans les régions ayant subit les dégâts des essais nucléaires, bactériologiques, chimiques, biologiques et balistiques au lieu de corrompre des États africains fragiles. Par ailleurs des sommes très importantes sont promptement dilapidées pour entretenir et organiser un faux jihad dans la zone sahélo-saharienne toujours au détriment des Sahariens.
En conclusion, cette injustice géopolitique des indépendances des années soixante, – découpage territorial arbitraire unilatéral et essais d’armes spéciales – a produit des bouleversements qui interdisent l’émancipation des populations et freinent le développement, l’aspiration à la sécurité, à la stabilité et au bien-être. Ce processus, calculé ou improvisé, de fragilisation d’une immense région au cœur de l’Afrique, a engendré des tensions multiples qui la transforment en cocotte-minute pouvant à tout moment exploser et provoquer une féroce concurrence entre les grandes puissances rivales.
Conférence de presse Du Général De Gaulle du 05091961 Archive INA :
https://youtu.be/LWducd2rpkE