Violence en politique : les débats sur l'avortement pour la loi Veil, summum historique
Les échanges violents à l’Assemblée nationale n’ont pas attendu qu’une photo postée sur Twitter, montrant la tête d’un ministre sous un pied, provoque l’éviction d’un député. Les archives parlementaires de 1974 retracent les invectives qui ont accompagné la dépénalisation de l’avortement.
Il est 3 h 40 passées, le 29 novembre 1974, lorsque Simone Veil rentre chez elle. Par 284 voix contre 189, ce qui restera comme “la loi Veil”, c’est-à-dire un texte qui allait dépénaliser l’avortement en France, vient d’être adopté. L’ancienne magistrate, devenue ministre de la Santé, n’habite pas très loin de l’Assemblée nationale. Sur le pas de sa porte, Simone Veil trouve un énorme bouquet de fleurs. Mais sur le trajet, ceux qui la suivent et l’insultent sont aussi nombreux que celles qui l’attendent dans l’espoir de lui témoigner leur gratitude.
Le lendemain, chignon éternel et tailleur Chanel corseté, c’est à l’Élysée qu’elle se rend, où l’attend Valéry Giscard d’Estaing après trois jours intenses d’affrontements parlementaires qui resteront mémorables. Car avant d’être définitivement adoptée en janvier 1975, la loi Veil dépénalisant l’avortement avait été arrachée aux députés au prix de débats pénibles. Si violents, même, que c’est cette loi, et ses trois jours de débats hystérisés, dont la mémoire affleure aujourd’hui à présent que les médias zooment sur la violence à l’Assemblée nationale sur fond de réforme des retraites. Par exemple dans la bouche de Dorothée Reignier, invitée des Matins, sur France Culture, le 15 février 2023 : novembre 1974 est resté comme une date historique non seulement pour l’avortement, mais aussi pour la violence en politique.