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Hélène Cixous : « L’amour ne survit pas dans la société, il faut le tenir secret, dans l’abri »
L’écrivain et dramaturge publie « Défions l’augure », aux éditions Galilée ; une inclassable odyssée familière telle une invitation à la résistance et à la vie.
« Mes livres sont des autoconstructions nautiques, libres de leurs mouvements et du choix de leurs routes, ils peuvent prendre l’air ou l’eau, couler, voler, se composer de plusieurs histoires, de plaisanteries, de témoignages, vrais comme faux. Ils sont enrichis d’alluvions en provenance de tous les mondes, déposés en tel chapitre. Contribution gracieuse des dieux. Ils sont produits par bien des faiseurs, rêvés, dictés, rapiécés, augmentés de fantaisies, d’où la pluralité de leurs lieux de naissances. Si pour en noter le voyage je suis à l’ancre dans mon bureau d’Aquitaine, mes esprits vont et viennent dans les Villes et les temps qui habitent aux différents étages de ma librairie mentale. » Page 64, « Défions l’augure ». Le dernier texte de Hélène Cixous est publié aux éditions Galilée.
Je suis perchée sur une sorte de promontoire, perchée sur un arbre, en hauteur. J’attends que le vent souffle, je peux attendre longtemps. Je suis extrêmement patiente. A un moment, « ça » téléphone, je me mets à écrire, en réponse. Le livre, pour moi, arrive, je ne vais pas le chercher, je ne le programme pas. Il arrive, comme s’il envoyait une sorte de messager sous forme de phrases courtes.
Je sais que ma vie d’écriture a été décidée par un éclat violent, une apocalypse ; la disparition de mon père.
Quand j’écris, le temps est au beau fixe du présent. Comme au théâtre. Qui empêche qui que ce soit, quoi que ce soit, d’entrer et sortir? Notre temps à nous est toujours un temps anachronique qui se fiche de la date. Là, c’est ouvert, entrez : c’est ce que nous devons à la littérature. C’est la possibilité d’accueil de tout.
Ecrire est indissociable pour moi du rêve, source d’énergie. J’écris et je vis au rêve. Comme le rêve ne se commande pas, il y a une petite menace toujours là qui me murmure « et s’il n’y avait plus de rêve ? » Voir revenir – ce que les rêves accordent – vivre avec moi des êtres dont la disparition pourrait me désespérer, c’est une promesse. Ce qui fait que chaque fois que je me couche, j’attends, j’espère… Rien n’est perdu.
Programmation musicale :
- Alexandre Tharaud, Pierre (Prélude, hommage à Barbara)
- Alain Bashung, Madame rêve
- Générique de fin, Kat Onoma, Que sera votre vie?
* A paraître aux Editions Gallimard (1er mars 2018) : Hélène Cixous, Les Sans Arche d’Adel Abdessemed