Le poète noir Kery James, voix multiple et vivante

Kery James est né aux Abymes en Guadeloupe de parents haïtiens, il a grandi à Demi lune à Orly. A 14 ans, il monte le groupe de rap Idéal J avec trois amis. Il a connu la rue et les dangers. Il a esquivé la prison et la mort, il a choisi le camp des vivants et de la fierté. Depuis 20 ans il écrit.

Kery James• Crédits : DR

Il est 23h et les poètes ne sont pas morts. Celui de ce soir est né dans un endroit qui s’appelle les Abymes et a grandi à Demi Lune. Mais la romance s’arrête là. C’est un jour de 1977, Kery James nait en Guadeloupe, de parents haïtiens. A 14 ans il habite à Orly, il décrit tout ce qui est hardcore, la liste est longue, il rappe : « vous faire raisonner tel est mon idéal / c’est normal si ça fait mal / c’est normal ca la vie est brutale ».

Depuis, ça fait plus de 20 ans qu’il écrit. Quand il regarde son passé – il sait qu’il a failli y passer. Il a esquivé la prison ou la mort, il a choisi le camp des vivants et de la fierté. Il a dit : Je suis noir, musulman, banlieusard et fier de l’être – il a chanté le retour du rap français. Il se méfie des nuages de fumée. Il a décidé que personne n’était condamné à l’échec. Sa foi lui a fait abandonner le slalom pour le chemin droit. Il y a alors toute une jeune génération aujourd’hui qui répond que les mots, c’est Kery James qui leur a donnés. Parfois il a besoin de prendre des pauses. Il dit j’arrête. Personne n’a envie d’être un porte-parole mais la parole s’il faut la porter comme sa croix, il revient.

La parole il la prend, elle a tout son poids, il la soulève et il la pose là. Il date. On a un calendrier commun. Il y a eu l’après 11 septembre, l’après 2005 ou l’après 13 novembre. Dans l’après, il fait travailler le langage. Il refait le film. Il commence des phrases par Si c’était à refaire. Il sait que rien n’est à refaire mais tout est à écrire. Il y a deux France et Kery James veut appartenir aux deux. Ultime provocation, il ne sacralise ni la banlieue ni l’ailleurs. Il se place au milieu et il revendique tout le territoire. Il se sent une responsabilité. Comme s’il disait ok, la parole il faut l’occuper sinon on se la fait prendre. Il faut l’occuper sinon d’autres la gâchent, l’abîment – et les poètes ça n’aime pas qu’on gaspille les mots. Il est là parce que trop d’inconscients s’emparent du micro – il met à terre ceux qui se prennent pour des gangsters, et ceux qui seraient tentés de mettre une cravate et d’écraser discrètement le mot multiculturel.

Le 1er avril 2009 – il écrit une lettre à son public. Signée de la main du poète noir, Kery James le mélancolique. Il dit : j’ai honte de ne pas être celui que vous admirez. Il écrit pour dire je ne suis qu’un homme. Et ça fait du bien d’entendre ce que plus aucun homme public ne dit : je ne suis pas un héros mais j’ai une certitude, on ne va pas gaspiller les mots. Kery James réveille la langue, la notre, il la sauve. Les poètes ne sont pas morts.

Kery James, rappeur, écrivain, vient de sortir son 8è disque solo Mouhammad Alix. Il a fondé en 2008 l’association ACES Apprendre, comprendre, entreprendre, servir, pour soutenir les études supérieures de jeunes issus des banlieues.

Azzedine Zoghbi, qui a connu Kery quand il était enfant à la MJC d’Orly. Il fait partie de l’association ACES. Il a réalisé le film Ces jeunes qui tombent, diffusé sur France 3.

Il sera en concert les 14 et 15 mars 2017 à l’Olympia à Paris et en tournée en France en mars. Il présentera son spectacle A Vif à partir du 10 janvier au Théâtre du Rond Point à Paris.

On écoute les voix de Mohamed Ali, Lyonel Trouillot et Dany Laferrière.

https://youtube.com/watch?v=XsvIVNzqXso%3Fversion%3D3%26rel%3D1%26showsearch%3D0%26showinfo%3D1%26iv_load_policy%3D1%26fs%3D1%26hl%3Dfr%26autohide%3D2%26wmode%3Dtransparent

LIVE : KERY JAMES avec aux claviers Nicolas Séguy, pour deux morceaux du dernier album : Vivre ou mourir ensemble, et La rue ça fait mal

https://youtube.com/watch?v=DphExLjePuM%3Fversion%3D3%26rel%3D1%26showsearch%3D0%26showinfo%3D1%26iv_load_policy%3D1%26fs%3D1%26hl%3Dfr%26autohide%3D2%26wmode%3Dtransparent
Kery James et Azzedine Zoghbi, son éducateur de la MJC d’Orly

Source: https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-dartiste/numero-16-signe-le-poete-noir-kery-james

Exit mobile version